Installé depuis peu sur le piémont, là où coule l'Ariège, face au Couserans et aux 3000 les plus orientaux de la chaîne des Pyrénées, un pic m'attire l’œil chaque jour : Le Mont Valier. Ses 2838 mètres d'altitude (ou 2839 selon des relevés très récents) dominent une large zone de plaines et de collines, il est impossible de le manquer ! Bien-sûr, pour le passionné de randonnée en montagne que je suis, c'est un appel puissant. Je suis déjà monté jusqu'à son sommet : c'était en 2022, lors de ma traversée des Pyrénées à pied. Je suivais alors le GR10, mais me suis autorisé quelques détours de renom. Le symbole du Couserans en faisait évidemment partie...

Cette fois, je décide de ne pas suivre l'itinéraire classique qui mène au refuge des Estagnous, puis au sommet, par la belle vallée du Ribérot. Ce n'est pas que cet accès, au fort dénivelé et plutôt rude physiquement, m'ait écœuré, mais plutôt dans l'objectif de découvrir d'autres montagnes, d'autres points de vue, d'autres vallons.

Je pars sur une boucle en trois étapes qui rejoint d'abord les crêtes frontalières, entre le pic de Barlonguère et le pic des Trois Comtes. La très jolie vallée de Peyralade vaut le détour et est très peu fréquentée. Puis, le deuxième jour, je rejoins le Mont Valier par les splendides étangs Long et Rond : avec certitude ils figurent parmi les plus beaux étangs d'Ariège, et même des Pyrénées.

Je fais ensuite route vers le refuge des Estagnous. Passage presque obligé pour rejoindre le sommet, il est à l'intersection de trois sentiers et se situe à côté d'un ensemble de petits étangs où il fait bon poser la tente, pour un bivouac de choix. En 2022, j'y avais dormi avant de monter au Valier avant le lever du jour. Cette fois, je souhaite vivre une expérience encore plus belle : dormir directement sur sa crête pour être aux premières loges quand le soleil se lèvera.

Lorsqu'après les derniers lacets exigeants de la montée finale, je redécouvre le panorama proposé par le Mont Valier, je suis une nouvelle fois subjugué. Des pics à n'en plus finir, beaucoup d'étangs, les belles forêts ariégeoises, et au dernier plan, la plaine.

Malheureusement, des orages éclatent en fin de journée et je suis contraint de quitter le sommet pour m'abriter. La météo en montagne est impitoyable, les orages dangereux, je redescends avant que la pluie n'arrive et plante la tente au col de Faustin, à 2651 mètres d'altitude, au pied du Mont Valier.

Mais après une nuit calme, je me réveille bien avant les premières lueurs du jour. Pourquoi alors ne pas revivre l'expérience merveilleuse du lever de soleil sur la cime ? J'en suis si près... Je ne réfléchis pas longtemps, prépare quelques affaires et pars à travers la nuit, la frontale bien attachée sur le haut du crâne.

Petit à petit, la voie lactée laisse place aux premières couleurs. Une vingtaine de minutes me suffit pour rejoindre la croix sommitale. Je file m'installer un peu plus loin sur les crêtes, pour profiter seul de ce moment unique. Je sors quelques victuailles et m'offre un petit déjeuner de rêve : au sommet du pic le plus emblématique des Pyrénées ariégeoises ! Le ciel s'éclaircit, des teintes bleutées apparaissent au-dessus de moi. À l'horizon, plein est, d'abord du rose, puis de l'orangé. 7h05, notre étoile apparait : un point d'abord, puis un arc de cercle.

Enfin, le soleil prend son aspect circulaire, puis grimpe dans les cieux. Les montagnes s'éclairent, le Mont Valier est sorti de la nuit. Face à ce spectacle, je suis sans mot. J'observe le panorama exceptionnel. Des centaines de cimes se dressent, jusqu'au point le plus haut des Pyrénées : l'Aneto (3404 mètres).

Une grosse heure passée à regarder tant de merveilles, il est temps pour moi de repartir. Une dernière journée intense m'attend ! Je file découvrir le pic voisin : le petit Valier (2736 mètres) dont l'accès par des mains courantes est un peu technique. Puis je récupère mes affaires laissées au col de Faustin et descends vers le refuge des Estagnous. Cette fois-ci, je n'y passe pas : je prends la direction du col de Pécouch. Dans un paysage étonnant, je vais découvrir trois étangs que j'apercevais depuis le sommet : les étangs de Cruzous, d'Arauech et de Milouga. Accessibles depuis le Pla de la Lau, terminus de l'accès routier à ces vallées sauvages, ils ne manquent pas de charme.

La fin de ces trois jours de trek se résume à une très longue descente : d'abord en dents de scie jusqu'au Cap des Lauses, puis beaucoup plus directe sur le GR10. Encore mille mètres de dénivelé négatif à faire subir à mes articulations : l'Ariège est une terre dont les cimes se méritent, plus que partout ailleurs dans les Pyrénées. Des lacets exposés aux aléas du temps, puis une épaisse végétation bienvenue lorsque le soleil estival brûle, clôturent mes trois jours de trek dans le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises. Le Muscadet, ici, n'est pas synonyme d'ivresse : il coule paisiblement entre les pierres et hydrate le randonneur fatigué que je suis. Les cascades sont les seules à rompre le calme de ces montagnes, je les écoute et les admire. Que la nature est belle ici !

Il est déjà temps pour moi de repartir vers d'autres horizons. Une fois de plus, le Couserans a touché mon cœur. Son symbole, le Mont Valier, m'a une nouvelle fois donné l'expérience sportive et intérieure que j'étais venu chercher. Et la satisfaction de réussir ce que j'ai entrepris, dans un cadre naturel unique, au milieu d'une faune et d'une flore riches, dans des vallées calmes et authentiques.

En somme, un magnifique condensé de ce que sont les Pyrénées...

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